Un jour pourtant se produit le déclic salvateur. Alors que la jeune fille âgée tout juste de huit ans se trouve particulièrement bien disposée, elle entend son père jouer un air qu’elle connaît bien à force de l’avoir entendu. Voyant qu’elle n’aurait pas à apprendre son texte, elle s’approche du piano et commence à chanter. Pour ses parents la chose ne fait aucun doute, leur enfant a vraiment un exceptionnel talent de chanteuse. Trois ans plus tard alors qu’elle n’a que onze ans, elle obtient une dérogation scolaire pour suivre l'enseignement du Studio des Variétés et fait ses premières véritables expériences professionnelles. Le week-end, avec son père, elle interprète Les adieux d’un sex symbol extrait de l’opéra rock de Michel Berger et… Luc Plamondon. Elle chante dans la chorale de l’école, et participe à toutes sortes de projets dont la bande son d’un dessin animé : Starla et les joyaux magiques qui sort en 96.

Un an et demi plus tard, elle fait la rencontre qui bouleversera sa vie et sa carrière. Tandis que, comme bon nombre de jeunes artistes en devenir, elle se produit aux Francopholies de La Rochelle, elle tombe sur Luc Plamondon. Avec son complice Richard Cocciante ce dernier est en train de mijoter le coup du siècle. Alors que plus personne dans le monde des producteurs ne croit en ce type de spectacle, il prépare en effet une comédie musicale librement inspirée de l’œuvre de Victor Hugo Notre Dame de Paris. Plamondon propose à la petite Julie, qui n’a que 17 ans, d’auditionner pour le rôle de Fleur de Lys. L’audition est un succès et la jeune femme se trouve embarquée avec pleins d’autres jeunes talents dans l’aventure.

Le triomphe de l’œuvre conduit les producteurs à envisager une deuxième saison. Mais le rôle principal féminin tenu jusqu’à lors par Hélène Segara se trouve vacant lorsque cette dernière jette l’éponge. Le choix de Plamondon et de ses comparses se porte naturellement sur Julie qui a le double avantage d’être fiable et de bien connaître le rôle. Là encore la confiance dont on saura faire preuve à son égard ne sera pas trahie. De l’avis de tous, Julie Zenatti campe alors une superbe Esméralda, belle et fière, qui envoûte Garou le bossu avec son énergie survoltée.

Cependant, comme pour tous les membres de la troupe de Notre Dame de Paris, il était temps pour la jeune femme, en cette fin d’année 2000, de faire ses preuves en solo. Surfant sur le triomphe de la comédie musicale, presque tous ses interprètes ont en effet sauté ce pas avec un succès remarquable. C’est donc au tour de Julie Zenatti d’entrer dans nos bacs avec un album solo intitulé Fragile.

La première surprise est la présence du rappeur Passi dans le premier single : Le couloir de la vie. A des années lumière de l’ambiance de Notre Dame de Paris, Julie tente ici un gros coup qui a tout d’un pari risqué. Le clip, tourné à Montréal (le terrain de chasse privilégié de Luc Plamondon), est une réussite, tout comme la chanson qui devrait faire tranquillement son petit bout de chemin. Le sujet de l’accouchement, rarement traité en chanson, nous montre une Julie plus mature qui assume totalement sa vie de femme : " On voulait un thème qui n'avait pas encore été trop utilisé en musique. Et puis, c'est un peu une façon d'annoncer que le bébé Julie Zenatti s'apprête à grandir ! ". En fait, si Fragile est bien une œuvre de groupe, il n’en reste pas moins un album aux reflets sincères teintés de belles mélodies et de textes accrocheurs. Malgré le single quelque peu surprenant il ne devrait pas décevoir ses fans ni les très nombreux nostalgiques de Notre Dame de Paris.